HONORÉ-MARIUS
BÉRARD
(1896-1967)
Pionnier de la non figuration
Œuvres de 1910 à 1948
Exposition du
25 octobre au 18 novembre 2016
Honoré-Marius Bérard, rencontre
Quel marchand ou collectionneur d’art ne poursuit pas cette quête d’une rencontre, même virtuelle, avec un artiste oublié, presque effacé des mémoires, dont le parcours et l’œuvre ont été un maillon essentiel de tel mouvement ou de telle époque, celui sans qui l’histoire de l’art n’aurait pas été tout à fait la même ?
Non, pas un artiste maudit, le XXe siècle a dépassé cette vision romantique, juste une personnalité et un itinéraire qui se sont unis pour qu’avec le temps cette trace s’estompe jusqu’à n’être plus qu’une lueur lointaine bien que l’œuvre laissée soit immense et, à certains égards, fondamentale.
Honoré-Marius Bérard est de ceux-là, ils sont rares.
Son indépendance vis-à-vis de toutes les Écoles et de tous les Mouvements, son exigence dans ses travaux perpétuels de recherche, son intransigeance l’amenant à détruire nombre de ses tableaux, sa singularité due à un parcours personnel atypique et sensible, son précoce et interminable éloignement de Paris, sa volonté farouche de ne pas se soumettre aux fourches caudines du marché de l’art et de réserver son œuvre aux institutions, mais aussi l’absence de descendance qui aurait pu raviver ou maintenir la flamme après son décès en 1967, tous ces éléments se sont conjugués et ont permis la disparition, presque totale, du paysage artistique du XXe siècle d’un artiste de cette dimension.
Quiconque n’a pas encore vu sa Symphonie liturgique, toile peinte en 1939, ou Jour de Tristesse, œuvre de 1941 ou encore ses Cyprès, fusain de 1910/12, aura bien du mal, même en lisant ces quelques lignes, à prendre la mesure de ce peintre, mais une fois livrées au regard, ces peintures rendront son véritable statut à cet artiste.
De ce même regard viendra aussi la surprise, voire l’incrédulité, après la lecture du nom de l’auteur et de la date portés sur la toile, tant l’œuvre aura évoqué d’autres artistes, fort fameux ceux-là, et leurs travaux produits 10 à 20 ans après ses recherches et les tableaux présentés aujourd’hui.
Gageons qu’à l’aube du 50ème anniversaire de sa disparition, Bérard puisse enfin retrouver la place du pionnier et du précurseur qu’il fut et qui sera toujours la sienne et que les plus éminents critiques d’art de l’époque s’étaient plu à distinguer.
Bérard, bien à toi et longue vie à ton œuvre !
E.E.